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Je vous propose d’entrer dans les coulisses de ma Compozia n°15, une illustration de Nantes, qui est le fruit d’un long travail de plusieurs mois. C’est mon premier projet ambitieux de par sa taille. Sa réalisation a été laborieuse mais stimulante, d’où mon envie de partager ce travail.

C’est en Novembre 2017, au cours d’une semaine pendant laquelle j’étais animatrice accompagnant une classe-découverte (des collégiens du Havre venus découvrir Nantes) que l’idée m’est venue d’illustrer cette ville très riche et très inspirante artistiquement

     I. Sources d’inspiration et outils de travail

C’est donc au gré de cette semaine de visites (puis de recherches complémentaires sur internet) que j’ai découvert et appris nombres d’anecdotes sur Nantes, ma ville de naissance et de résidence. Les élèves remplissaient leur livret d’enquêtes scolaires et moi mon calepin de notes. C’était d’abord un mini bloc-note, puis je me suis acheté un joli cahier, avec une belle couverture très inspirante, dans ma papeterie préférée, afin de rassembler mes idées de dessin de façon plus visuelle et plus construite. Mes Compozias commençant toujours par une indispensable phase de recherches, visuelles, et désormais culturelles (historique, littéraire…).

Je me suis appuyée sur un certain nombre de modèles, de croquis, de plans, de photos des monuments, d’essais de motifs, de notes et de gribouillis, rassemblés dans mon cahier. voir article sur mes carnets et autres outils artistiques.

Mais aussi sur des exemples d’illustration de Nantes déjà réalisées par des graphistes et illustrateurs : Stéphane Mountaner, Jean Jullien, Antoine Corbineau, Phil Good, La Loutre, François Ripoche, Jochen Gerner… afin d’y trouver à la fois inspiration et moyen de me démarquer. J’ai pris note de leur style respectif, de leurs solutions de représentations, de leurs sélections et parti-pris, et cela m’a aidé à définir les miens.

     II. Mon illustration de Nantes : le plan de composition

Le projet a été achevé le 13 janvier 2019. Le dessin en tant que tel s’est étalé sur 4 mois (à noter que je ne dessine pas tous les jours ni pendant plus de 2 heures d’affilée)

Comme indiqué sur le carnet, il y a eu une longue période de maturation (entre novembre 2017 = apparition de l’idée, et septembre 2018 = début du dessin) car c’était une période où j’ai connu le chômage, et où j’ai dû réfléchir à ma reconversion professionnelle… J’ai connu des hauts et des bas, des phases d’exaltation et des phases de profonde perte de confiance en moi… Je me suis posée beaucoup de questions (à la fois sur le travail, sur mes dessins, sur moi-même…). Il m’a donc fallu un certain temps pour retrouver de l’équilibre, de la sérénité et de la confiance en moi. 

Pour en revenir à la composition, j’ai établi une première liste d’éléments emblématiques de Nantes auxquels j’ai pensé. Dans le choix des placements, certains éléments sont très cadrés, placés d’office, bien anticipés, d’autres surgissent plus spontanément, ou disparaissent.

  • > Le blason, Anne de Bretagne, la statue du Passage Pommeraye, Graslin… étaient des idées très précises que j’avais dès le début et qui n’ont pas changé de place.
  • > D’autres éléments, comme le Beffroi Ste Croix n’ont finalement pas été retenus ni représentés.
  • > Et d’autres encore n’avaient pas de place attitrée, j’hésitais entre plusieurs possibilités : par exemple la Tour Bretagne, je voulais la dessiner tôt sans savoir précisément où.

Puis en décembre 2018 – janvier 2019, à mesure que mon illustration de Nantes avançait, évaluant la place restante et ayant demandé à mon entourage s’ils pensaient à d’autres icones (j’avais par exemple oublié Jacques Demy), j’ai fait une seconde liste et ai établi un « plan de comblement des derniers trous ». Car quand approche la fin, je suis toujours en proie à la même angoisse :  celle de la page blanche, les « ultimes trous à combler », blocage auquel je n’échappe jamais.

 

    III. Mon illustration en quelques détails-clés

Le blason est un symbole nantais important. C’est ce par quoi j’ai commencé, je voulais qu’il soit au premier plan – telle une estampille surplombant et résumant l’ensemble – et précisément dans le coin Nord-Ouest, comme sur une vieille carte de la Loire (du XVII° ou XVIII° avant les comblements de certains bras, dont je n’arrive malheureusement pas à retrouver de copies et dont je n’ai pas pu prendre de photo quand je l’ai vu). C’est l’élément sur lequel j’ai fait le plus de recherches, pour bien cerner les symboles indispensables et leur signification (le navire, les hermines sur les voiles, la devise en latin …). J’ai combiné deux modèles de blasons, sélectionnant des parties dans l’un et dans l’autre. Je ne voulais pas en recopier un entièrement, je voulais adapter les choses à ma façon. L’un avait la cordelette que je trouvais sympa à représenter mais je préférais la couronne de l’autre.

Je ne me considère pas particulièrement douée en dessin d’architecture et en perspective, (la façade des maisons coloniales penchées de Chantiers Navals était très éprouvante) je me sentais donc incapable de représenter l’escalier et les balcons du Passage Pommeraye, il aurait de toute façon pris beaucoup de trop de place (de même que la Cathédrale St Pierre). J’ai donc opté pour la représentation d’une des statues-lampadaires (chacune représentant un des secteur d’activités de l’économie nantaise : anecdote apprise avec la classe-découverte). Mon cœur balançait entre 3 d’entre-elles …

L’Opéra et la place Graslin, autre grand symbole nantais. Pour le dessiner, j’ai été faire du repérage sur place (comme pour beaucoup mais pas tous), et plutôt deux fois qu’une … : dans le souci de respecter le nombre exact de marches,  je suis retournée dans la semaine (après une première séance photos) pour recompter les marches en live (j’arrivais pas à le faire sur les photos), expressément pour ça. Si quelqu’un a remarqué mon manège ce jour-là, il a vu une fille descendre la rue à pied, arriver sur la place, monter les marches puis les redescendre, le tout en remuant les lèvres, s’arrêter en bas des marches pour noter un truc dans un carnet, et repartir ; ce qui devait être cocasse.

Les Machines de l’île étaient bien sûr un incontournable, avec leur concurrent Royal de Luxe (j’ai longtemps fait l’amalgame), et l’éléphant une évidence, même si le carrousel est lui aussi très « julesvernien ». Je voulais en effet tisser un parallèle entre les Machines à l’univers de Jules Verne (dont les livres ont bercé mon enfance et nourri mon imaginaire, je ferais peut-être d’ailleurs un jour une Compozia spéciale Jules Verne …). J’avais en arrière-pensée une gravure du roman Cinq semaines en ballon (la montgolfière tirée par un éléphant, c’est une image qui a marqué ma mémoire). Il me fallait donc trouver une photo de l’éléphant des Machines correspondant parfaitement à la posture de celui de la gravure (d’Edouard Riou) : photo trouvée dans un journal en ligne. Le choix du Scaphandrier (parmi les géants) répond d’ailleurs à la même exigence d’association d’idées (20 milles lieues sous les mers, étant ma seconde arrière-pensée).

Afin de représenter les Folles Journées, je pensais au départ faire un simple motif notes de musique (de façon totalement aléatoire, sans signification particulière) mais je me suis ravisée et ai décidé d’aller cherché plus loin, au-delà du motif, il me fallait donc trouver une partition à reproduire (exercice à la fois difficile et marrant pour moi : je me suis rappelé à quel point j’étais nulle en musique au collège, je déchiffrais très mal les partitions…). J’ai d’abord pensé à la chanson traditionnel « Dans les prisons de Nantes », puis je me suis dit que ça ne faisait pas assez Folles Journées, alors j’ai cherché un compositeur parmi les célébrités nantaises : j’ai découvert Paul de Ladmirault et Gaston Serpette (dont je connaissais le nom de la rue près du parc de Procè sans savoir que c’était le nom d’un compositeur nantais). Et j’ai retenu la partition « Tige de Lotus » de ce dernier, car elle rentrait facilement dans l’espace disponible et collait très bien avec le Jardin Japonais (les deux éléments se juxtaposant).

C’est ma première composition aussi grande d’une part, et où les limites du dessin ne sont pas ceux de la feuille. J’avais cette fois-ci envie de laisser un cadre blanc, non seulement pour aérer cette composition XXL (comparée à ce que j’ai pu faire avant, c’était un gros défi à relever), mais aussi pour tester l’esthétique des bords sinueux avec des éléments qui débordent.  Mais aussi grand soit-il, je ne pouvais évidemment pas tout représenter. Il m’a fallu faire des choix. Je n’ai aucunement la prétention d’avoir fait un travail exhaustif. J’ai cherché à représenter l’essentiel et ce qui me parlait le plus. Il y a encore beaucoup de choses – de lieux remarquables, de faits historiques et d’anecdotes – que j’ignore sur Nantes, et qui auraient tout autant mérité leur place sur ce dessin. C’est une ville pleine de richesses, d’histoire et de secrets à découvrir.

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La voici figurant aux côtés d’autres affiches d’artistes, sur le mur d’exposition de Lilian et Valentin, dans leur magnifique maison rénovée (une maison de 1850, dans la région d’Amiens) : découvrir et suivre leurs projets de rénovation sur instagram @2boys1house

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