Sélectionner une page

J’aborde ici un sujet qui me tient particulièrement à cœur : ayant dans mon entourage des proches qui souffrent d’anxiété et en souffrant moi-même, c’est un sujet que je souhaite partager car je le connais et le comprends bien mais constate que ce n’est pas le cas de beaucoup de monde… Beaucoup de gens ignorent ce mal pourtant répandu. Qu’il s’agisse de leur entourage proche ou d’eux-mêmes, de nombreuses personnes vivent dans l’ignorance : soit de la souffrance en elle-même (niée et méprisée), soit de ses remèdes pour en sortir. C’est pourquoi il me parait essentiel de parler de cette « chose » en apparence absurde et aberrante, de soulever les malentendus et les méprises, et d’expliquer ce que c’est, profondément, que cette souffrance incomprise.

Je m’adresse donc ici à toutes celles et ceux qui souhaitent en apprendre plus, qui se posent des questions sur ce sujet (pour eux-mêmes ou un proche), à toutes celles et ceux qui veulent s’en sortir ou aider quelqu’un, ou qui s’y intéressent tout simplement par curiosité et tolérance.

 

1/ être pris(e) dans les tourbillons : 

L’anxiété est une déclinaison de la peur et de la tristesse (deux des quatre émotions de base) : être anxieux(se) et souffrir de troubles anxieux généralisés, c’est avoir constamment :

> peur de la solitude, de l’abandon, de la mort : de ne plus être aimé-e ou de perdre un être cher

> de l’inconnu, de l’imprévu et surtout de l’imprévisible : les anxieux sont de grands prévoyants (trop prévoyants) qui anticipent tout et acceptent mal la perte de contrôle

> peur de l’échec : peur de n’être soudain plus du tout capable de réussir ce que l’on réussit pourtant très bien d’habitude (l’anxiété provoque une profonde perte de confiance en soi)

> peur de soi : peur d’une force obscure qui nous pousserait à passer à l’acte (comme par exemple être responsable d’un accident…) ou peur de ses propres émotions ou de son propre corps (notamment les anxieux hypocondriaques), peur de mourir (d’une crise cardiaque ou d’étouffement) ou de s’évanouir

> peur du malheur et/ou du bonheur : lorsqu’une personne a vécue des situations plus souvent malheureuses qu’heureuses, la « peur du bonheur » s’apparente à la peur de l’inconnu

> peur de la peur : le paradoxe de l’anxiété c’est qu’elle provoque une peur de faire des crises de panique tout en provoquant ces dernières

Nous avons tous peur de ces choses-là, nous craignons tous la mort, la maladie, la solitude, mais nous n’y pensons pas tout le temps, nous y pensons lorsque la vie nous confronte à ces situations… Mais les grand anxieux y pensent presque tout le temps, dans toutes les situations du quotidien (maison, famille, amis, travail, loisirs, vacances : l’anxiété envahit toutes les sphères et peut avoir n’importe qui, n’importe quoi pour objet : du simple trajet en voiture pour aller à la plage, à la reprise des cours ou du boulot, en passant par la visite médicale de routine… tout peut être prétexte et sujet à crises d’angoisse. La situation la plus banale qui soit devient pour une personne anxieuse un potentiel cauchemar (ou un réel cauchemar si une crise de panique se déclenche). Un grand anxieux développe – contre son gré – ses propres superstitions. L’anxiété est soit aiguë, périodique (elle survient que très rarement), soit chronique, généralisée : cela devient alors des névroses d’angoisse qui se fixent sur des objets ou se convertissent en symptômes : hypocondrie, claustrophobie, agoraphobie, stress post-traumatique, troubles obsessionnels compulsifs … etc.

Car l’anxiété est une déclinaison excessive de la peur, une variante déréglée, amplifiée, et déconnectée de la réalité. C’est une anticipation démesurée, une projection vers le futur, un futur angoissant, empli de scénarios infernaux, avec un processus d’intensification : l’inquiétude initiale se transforme en peur dans un premier temps puis en véritable crise de panique. Emporté dans un effet boule de neige, les drames imaginés deviennent de plus en plus tragiques (à mesure qu’avancent les scénarios, toutes les morts possibles et imaginables sont envisagées). C’est la politique du pire qui règne.

Mais au-delà de ses apparences délirantes et superstitieuses, l’angoisse renferme quelque chose de parfaitement réel et de sensé. Il y a une raison à cette déraison. Car cette projection vers le futur puise son inspiration dans des traumatismes du passé. Derrière cette crise d’angoisse se cachent des souvenirs douloureux (voire choquants) qui ont profondément affecté le psychisme de cette personne anxieuse.

Dans une crise d’angoisse, les craintes du passé sont réactivées et démultipliées. Dans cet état de panique, le passé et le futur – tout aussi inexistant l’un que l’autre sur le plan rationnel – viennent envahir le présent : présent qui se retrouve englouti sous des torrents d’émotions à la fois sérieusement réelles et follement imaginaires. Mais les émotions et souvenirs sous-jacents sont bien réels eux. Ils ont été vécu, ils ont existé et existent encore sous forme de réminiscence. C’est une peur (et aussi un chagrin immense en arrière-plan) qui ressurgit du passé. Et ces deux émotions ont été tellement intenses et/ou tellement répétées qu’elles ont laissé des empreintes indélébiles (dans la psyché, et dont le corps aussi se souvient). Ce sont ces cicatrices encore vives qui provoquent les crises de panique.

Les émotions sont, en elles-mêmes, légitimes (elles ne sont pas sans fondement), c’est leur projection démesurée dans un futur improbable qui ne l’est pas.

L’anxiété est donc un phénomène de confusion entre la réalité et la fiction, celle-ci étant provoquée par une déconnexion entre le corps et l’esprit. Le cerveau – déconnecté du présent, de l’environnement et de son propre corps – turbine, s’emballe, seul dans son coin, se fabriquant lui-même des fictions angoissantes, et provoquant alors aussi des symptômes physiques.

2/ les résonances physiques :   

Ces symptômes les grands anxieux ne les connaissent que trop bien, et pourtant le doute persiste (est-ce le symptôme d’une angoisse ou d’une autre maladie ?) Et puis, nous le verrons plus tard mais il est très important de se représenter ce qui se passe physiquement dans le corps, puisque l’esprit angoissé s’en détache.

Cette illustration présente les symptômes physiques immédiats d’une crise d’angoisse, mais  il y a aussi des symptômes physiques  sur le long  terme : fatigue (asthénie), irritabilité, hypersensibilité (sursaut au moindre bruit), sautes d’humeurs, troubles du sommeil (insomnie) …  etc.

A noter aussi  que l’on ne les ressent pas tous et pas toujours : lors d’une crise d’angoisse, on en ressent que certains, de manière plus ou moins prononcée et ils peuvent varier d’une crise à l’autre, on en découvre parfois de nouveaux, inhabituels, qu’on n’avait encore jamais ressenti dans les précédentes crises (ce qui accentue l’angoisse d’ailleurs…), je l’ai appris à mes dépends.

Ces symptômes psychosomatiques sont d’ailleurs pour les anxieux hypocondriaques un véritable cauchemar. Chaque manifestation physique « anormale » est pour l’hypocondriaque la preuve d’une potentielle maladie grave. Tout est prétexte à mésinterprétation : les remontées acides deviennent des ulcères d’estomac, les palpitations le début d’une pathologie cardiaque (à l’âge de 25 ans), et les crispations de la mâchoires la preuve qu’on a chopé le tétanos (malgré la vaccination bien sûr …).

(Or tous ces symptômes cités ont pour origine la crise d’angoisse). Ces scénarios alimentent l’anxiété, qui alimente les symptômes, qui alimentent l’anxiété, qui alimente les symptômes… bref, le cercle vicieux.  Le cerveau d’un anxieux est tel un serpent qui se mord la queue, qui a peur d’avoir mal, mais qui se mord de plus en plus fort.

3/ en être témoin  : 

Et ce serpent ne mord pas que son hôte mais aussi son entourage : entourage qui ne peut pas percevoir cet aspect sous-jacent de l’angoisse, cette partie immergée de l’iceberg (le trauma). Même s’il en fait parfois l’effort, il ne peut comprendre tout ce qui se joue derrière cette « crise », délirante et absurde à ses yeux.

La souffrance (physique et psychologique) des grands anxieux est donc d’autant plus grande qu’elle s’accompagne d’un profond et désolant sentiment d’incompréhension de la part de son entourage (incompréhension pouvant aller jusqu’au dédain, favorisant alors l’isolement de la personne anxieuse).

Cette impossible entente entre l’angoissé-e et son entourage (conjoint, ou ami-e, parents, collègues…) est dû au fait que les deux parties ne sont plus du tout « sur la même longueur d’ondes » (psychologiquement parlant) : l’entourage lui reste dans une analyse strictement réaliste, rationnelle de la situation, alors qu’une personne en pleine crise d’angoisse n’a plus aucun pied dans la réalité, étant complètement empêtré dans un tourbillon émotionnel, alimenté par des scénarios fictifs plus catastrophiques les uns que les autres, qui n’ont absolument rien à voir avec la situation réelle (présente).

Les phrases qui se veulent rassurantes (mais qui tournent vite au mépris) du style « il n’y a aucune raisons de paniquer », « tout ça c’est dans ta tête », « arrête de t’en faire pour si peu, tout va bien » …etc. sont totalement inefficaces et très culpabilisantes pour la personne anxieuse qui les reçoit.

> L’argument « il n’y a aucune raison de paniquer », faisant donc appel à la raison, est improductif puisque la personne angoissée est dans une dimension qui est tout sauf rationnelle.

> Quant au « tout va bien » : et bien non, tout ne va pas bien, preuve en est la personne angoissée (en train de faire une crise de panique sous vous yeux) car elle est dans un état de détresse et de souffrance. Elle, elle ne va pas bien.

D’autant plus que les grands anxieux sont parfaitement au courant de leur état et pathologie : ces phrases sont donc, au mieux, des enfoncements de portes ouvertes, au pire, des couteaux remués dans la plaie. Et ne font qu’alimenter le tourbillon d’émotions déjà bien chargé : car à la peur, le chagrin, l’impatience, la frustration, et le désespoir, viennent s’ajouter la honte et la culpabilité (véhiculées par ce genre de phrases). Au lieu de les aider à sortir de cet état de noyade psychique, elles leur enfoncent la tête sous l’eau. La culpabilité et la culpabilisation n’ont rien à faire là : une personne anxieuse n’est pas responsable des blessures (voire traumatismes) qui ont forgé son enfance ou qui bouleversé sa vie. On ne peut pas reprocher à quelqu’un qui souffre d’être en souffrance.

Toutefois, si l’anxiété est une souffrance pour celui/celle qui traverse ces crises, s’en est une aussi pour ceux qui en sont très régulièrement témoins (j’entends ici en particulier les enfants témoins des crises d’angoisse récurrentes d’un de leurs parents). L’anxiété est anxiogène, très contagieuse (surtout pour les enfants qui sont de véritables éponges à émotions).

Il est donc primordial, lorsque l’on souffre d’anxiété, d’apprendre à se connaître et à canaliser ses émotions, d’apprendre à sortir par soi-même de ce tourbillon, afin d’éviter qu’il n’emporte d’autres personnes.

 « Par soi-même » ne signifie pas « tout seul, sans aucune aide » mais sous-entend in fine  une gestion plus autonome de ses émotions. Il s’agit de retrouver à termes, amour-propre, confiance en soi et indépendance affective, un chemin long et difficile mais pas impossible.

 

4/ sortir des tourbillons  : 

Les troubles anxieux sont de véritables sables mouvants psychologiques. De la même manière que se débattre accroît l’enlisement, lutter de front contre l’anxiété (nier les émotions) est inutile. C’est pourquoi il est nécessaire d’exprimer et d’accepter son ressenti, aussi bien la personne anxieuse que son entourage.

Et il existe des remèdes, de toutes sortes, pour se sortir de ces tourbillons, quelques soient médicamenteuses ou non, avec ou sans accompagnement.

Comme me l’expliquait si bien Chloé, une précieuse amie, l’anxiété est une pathologie que l’on peut comparer au diabète ou à l’asthme. Ces deux dernières peuvent être gênantes au quotidien, dans des situations ordinaires et fréquentes (manger ou faire du sport)  mais qui sont loin d’être insurmontables. C’est exactement pareil pour l’anxiété. Au même titre qu’un diabétique a besoin de sa seringue d’insuline, et qu’un asthmatique a besoin de sa ventoline, un grand anxieux peut avoir parfois besoin de médicaments. Car si les deux pathologies évoquées sont des anomalies du pancréas ou des poumons, l’anxiété est un dysfonctionnement d’une amygdale du cerveau (gestionnaire de la peur).

Mais n’étant pas psychiatre, je ferme là la parenthèse sur les médicaments, ce n’est pas la solution que je vais privilégier, et dans tous les cas, qu’on soit pour ou contre, qu’on en prenne ou pas, temporairement ou à longs termes, ils doivent être présentés et vécus comme une béquille et non comme une camisole chimique, et ne sont pas la seule béquille existante (et ce n’est pas aux paradis artificiels que je pense). L’accompagnement par un professionnel de santé (ou de parasanté) – médecin généraliste, psychologue, psychiatre, psychothérapeute, sophrologue … – est également une béquille très bénéfique (pour ne pas dire indispensable) avec différentes modalités, allant de la thérapie courte (de type comportementaliste) à la thérapie longue (analytique). voici d’ailleurs l’avis d’une psychothérapeute à ce sujet…

Et ces autres remèdes les voici en image :

infographie illustration anxiété remèdes apaiser une crise d'angoisse

4.1/ remèdes contre l’anxiété

Ces différents « types » de remèdes sollicitent le corps les sens et permettent de reprendre pied dans la réalité et le présent, de stopper l’effet toupie ou boule de neige de l’anxiété (de casser l’accélération délirante). Et le point commun de ces astuces c’est la mobilisation physique, organique. En effet, par expérience, le meilleur moyen de sortir des tourbillons de l’anxiété, c’est de lâcher cette foutue tête qui déraille, et de redescendre dans le corps. Il parait agité et incapable de quoi que ce soit (à cause des tremblements, palpitations etc…) et pourtant c’est lui le plus à même de pouvoir faire quelque chose, car ces symptômes ne sont que factices, fabriqués de toutes pièces par cette foutue tête qui déraille. Apparus par la tête, ils disparaitront par le corps. La tête s’est déconnectée de la réalité ; le seul qui puisse la « ramener à la raison » c’est son corps. C’est à lui qu’il faut désormais confier les rênes, car vraisemblablement la tête vient de prouver qu’elle n’était pas toujours à la hauteur.

Mais je sais aussi à quelque point c’est dur de lui confier les rênes justement, à quel point on n’a pas envie de se distraire, de boire, de mettre des chaussures pour sortir…. Car aussi désagréable soit cet état de panique, paradoxalement, la tête se complet à s’enfermer sur elle-même (et « n’en fait qu’à sa tête » si vous m’accorder ce jeu de mots). Il y a un puissant mouvement de prostration, de réticence et de résistance de la part de cette tête, qui ne supporte pas de perdre le contrôle, et qui reste persuadée qu’elle seule a la solution à tous les problèmes du monde (elle y pense tellement souvent …)

Mais penser ce n’est pas agir. Et lorsque la tête s’emporte dans ses tourbillons d’angoisses, c’est la preuve d’une perte de contrôle. Ce contrôle qui lui est si cher, elle l’a déjà perdu. Il faut donc se forcer à faire autre chose, il faut dépasser cette résistance, ne plus écouter sa tête, ne plus penser …

C’est d’ailleurs la solution qu’invoquent en général les gens (les non anxieux) –  « bah si ça t’inquiète autant, arrête d’y penser » – mais amenée de cette façon cette « solution » est méprisante et totalement inefficace. Il y a une chose que je n’ai pas préciser plus tôt mais qu’il est essentiel de rappeler et de comprendre, c’est que les pensées (qu’elles soient angoissantes ou non) ne se maitrisent absolument pas. Qu’on soit un grand anxieux ou une personne « normale », nous n’avons absolument aucune prise sur ce qui nous traverse l’esprit au moment où ça le traverse. Les pensées, les idées, sont telles les nuages dans le ciel, nous ne sommes que des observateurs dépendants de la météo. Et les personnes anxieuses, lorsqu’elles sont en proie à une crise de panique, sont en train de traverser un ouragan : quoi de plus incontrôlable qu’un ouragan… Pour s’en sortir il faut se mettre à l’abri dans un refuge et attendre que ça passe. Et ce refuge c’est le corps (il n’est pas l’ennemi ou l’étranger que la tête pense avoir).

Et pour poursuivre la métaphore de l’ouragan : sur le même principe de la pluie qui calme un orage – pluie qui rafraichit le sol et stoppe la remontée d’air chaud, à l’origine du phénomène orageux – il est bon et salvateur de pleurer pour calmer une crise d’angoisse.

4.2/ sortir de sa zone de stagnation (de la prétendue « zone de confort »)

Il s’agit de rompre le cercle vicieux, de rompre l’effet tourbillon, en sortant de ses habitudes (ses habitudes cérébrales). Certains parleraient alors ici de « sortir de sa zone de confort » : c’est une formulation qu’on retrouve chez beaucoup de blogueuses ou coach en développement personnel, mais c’est une formulation que je déteste, pour sa maladresse et son inadéquation. Je ne veux surtout pas l’employer dans le contexte de l’anxiété car que je la trouve profondément inadaptée. Je préfère parler de « zone de stagnation » ou de « zone connue ».

L’expression banale (et banalisée) de « zone de confort » désigne le principe d’aller de l’avant, de dépasser ses peurs et pensées limitantes, d’oser découvrir ce qui se cache au-delà de ses barrières mentales, de franchir des limites du monde connu. Elle évoque ainsi l’idée que le connu est plus confortable que l’inconnu, ce qui en soit est juste. Ce que cette expression exprime est correct dans le fond mais incorrect dans la forme. La formule « zone de confort » est très maladroite : c’est le mot « confort » qui me pose sérieusement problème. Il renvoie à l’idée de bien-être, or une personne en proie à des angoisses récurrentes, à des troubles du sommeil (ou autres) est en mal-être. Pour sortir de sa « zone de confort », encore faut-il en avoir une à la base. Or un grand anxieux peut ne pas ressentir de « confort », en ressentir nulle part. Il peut être attaqué par des crises d’angoisse partout, à n’importe quel moment, même dans les environnements qu’il connait le mieux, dans les endroits les plus confortables et les plus familiers qu’il connaisse.

Quand on est anxieux, angoissé, on se situe dans une zone de stagnation, avec des mécanismes de pensée ancrés depuis longtemps. Ce sont ces mécanismes mentaux, psychiques, dont il faut se défaire. Ce qui est de l’ordre du connu, ce sont ces ruminations, ces peurs limitantes, ces questions qui tournent en boucle, ces doutes qui nous envahissent et nous font perdre confiance en nous, ces scénarios que le cerveau produit et projette et qui nous font perdre le contrôle. Sortir de cette zone connue, c’est sortir de sa tête et revenir au corps, corps ignoré par l’esprit et donc que l’on peut considérer comme l’élément inconnu qu’il faut aller découvrir.

Pour arrêter ce tourbillon de pensées, il ne faut pas penser à ne pas penser, ça ne marche pas, il s’agit de penser à faire autre chose, de faire diversion. Il existe plusieurs manières de faire diversion, comme présenté précédemment. A chacun(e), selon son profil, de choisir les activités les plus abordables et les plus rassurantes, celles qui lui correspondent le mieux, (j’en ai peut-être oublié, il en existe surement d’autres auxquelles je n’ai pas pensé et qui ne correspondent probablement pas à mon profil). Étant hypocondriaque et pour des raisons familiales, je n’aime pas du tout l’astuce de la respiration (car j’ai peur des maladies respiratoires et cardiovasculaires : les méthodes de respiration alimentent mon angoisse au lieu de la calmer. Les exercices de méditation guidée m’exaspèrent au plus au point, mais ce n’est là que mon avis personnel…). Je préfère donc nettement les parades de diversion par un tâche manuelle (colorier, tricoter, faire un puzzle, faire du ménage,…) : le fait d’occuper mes mains afin d’occuper ma tête.

En cas de crise aiguë, plus c’est répétitif, machinal, plus c’est efficace (colorier des petits carreaux selon un algorithme de couleurs par exemple). Mais plus la crise est aiguë, plus il est difficile de se motiver à faire une activité physique de diversion. C’est pourquoi il est nécessaire de rester vigilant-e et lucide sur son état d’anxiété, de faire de l’introspection pour apprendre à se connaître et à reconnaître les signes et les mécanismes de son trouble anxieux, sentir le tourbillon à ses prémices avant qu’il ne dégénère : il faut apprendre à le désamorcer le plus tôt possible.

artjournal recueil de citations

Ces remèdes sont donc surtout préventifs, plus que curatifs. Les activités physiques et manuelles permettent de réguler son niveau d’anxiété.

Un exemple d’activité qui me fait beaucoup de bien et que j’ai commencé en 2020 (donc après la première édition de cet article, j’ai évolué depuis, j’ai fait des progrès en quelque sorte…), c’est la création d’un Artjournal. C’est une activité très apaisante, à la fois artistique et méditative. J’en ai fait un recueil de citations à méditer. C’est une forme de méditation mais sous une autre forme que les exercices respiratoires, une méditation qui passe par un média (un tiers) à savoir mon « Artjournal » (découvrir l’article sur le « Artjournalling »). Ce n’est pas une activité que je suis capable de faire en pleine crise extrême, mais c’est le genre d’activité qu’il est bon de pratiquer régulièrement en guise de prévention et de régulation.

Pour conclure :

Ces remèdes ou astuces ne sont que des propositions et des possibilités, et il en existe d’autres auxquels je n’ai pas pensé.  Il n’y a pas de hiérarchie entre ces activités, entre ces solutions. Je pense que les adaptations personnelles sont très importantes et indispensables pour se sortir de ses propres tourbillons. J’ai proposé ici mes remèdes à moi, ceux que j’ai essayé et qui me correspondent plus ou moins. Je précisais juste plus haut lequel me plait le plus à moi mais ce n’est qu’un avis personnel, c’est parce que les remèdes de type distraction manuelle correspondent à mon profil, mais je comprends que d’autres préfèrent les exercices respiratoires… A chacun-e sa technique de prédilection, et quand on commence tout juste à vouloir sortir de ces tourbillons d’angoisse, en général on commence par un ou deux, et puis petit à petit on en essaye d’autres.

Il s’agit de faire de son corps, de son être tout entier, un refuge dans lequel on se sent bien, de retrouver confiance en soi, de vaincre ses peurs qui nous terrassent, et de se reconstruire, chacun(e) à sa manière. Et c’est le but de cet article qui est d’ailleurs pour moi un outil de résilience.